Dans cet entretien accordé à votre journal, le président du Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET), Me Beubzouné Bongoro Théophile, sans langue de bois, appelle les Tchadiens et les partis politiques à s’adonner à la politique. Le Dialogue national inclusif et souverain, l’avenir du Tchad, les élections à venir sont entre autres les sujets débattus.
Monsieur le président, Les rideaux sont tirés sur le Dialogue national inclusif et souverain. Que peut-on retenir de cette messe ?
Vous l’appelez déjà messe donc ça veut dire que vous avez une lecture de cette rencontre qui est en réalité pour moi, même si elle n’était pas prévu, devrait être inventée par les Tchadiens parce qu’on avait besoin de se parler. Que tout le monde n’ait pas pris part, c’est un peu ça la démocratie. Car, la démocratie à mon sens ne veut pas dire l’unanimité. Cette messe a servi à ce qu’on puisse se parler, s’accorder sur notre devenir en tant que Nation. On s’est attelé à faire un diagnostic essentiel, même si ce n’est pas exhaustif.
En tant qu’homme politique, pensez-vous que le DNIS a permis aux Tchadiens de trouver une solution définitive au mal tchadien, nous voulons dire les rebellions et querelles intestines ?
Est-ce que ce fut une panacée contre tous nos maux ? Je ne suis pas sûr. Mais le mérite est que nous avions pu aborder certains aspects qui nécessitaient qu’on puisse les évacuer en l’absence du Fact de Mahadi, la société civile et une partie de l’opposition de l’intérieur. Pour la vitalité de notre démocratie, il faut qu’il ait des gens qui ne soient pas d’accord pour attirer l’attention des participants. Les 1500 participants et les délégués au DNIS se sont accordés sur les maux qui minent le Tchad, notamment les difficultés du mal vivre ensemble, la forme de l’Etat, les aspects sectoriels, qui devront être partagés par les absents parce qu’on a une Nation qui est le Tchad et chaque Nation a ses règles.
Donc, ce qui est issu de ce DNIS doit être appliqué à ceux qui sont également absents. Raison pour laquelle le président de la transition lors de son adresse à la clôture du DNIS avait dit que nous sommes dans un dialogue permanent. Ce qui signifie que les propositions peuvent être toujours reçues et voire les bonnes dispositions d’accompagnement pour ce qui a été décidé dans la salle. Moi, ça m’étonne qu’en tant qu’acteur que certains partis politiques puissent signaler leur absence à cette messe. Un parti sérieux qui doit concourir au suffrage universel, au four électoral sachant que c’est ce qui va se décider dans ce dialogue avec ou sans sa présence, qui va se décliner en loi électorale, la mise sur pied de la prochaine CENI, du bureau permanent des élections ne devrait pas être absent de ces assises.
A l’issue du DNIS, un Premier ministre de vient d’être nommé. Des Tchadiens redoutent une éventuelle sanction de la communauté internationale. Comment entrevoyez-vous l’avenir du Tchad ?
C’est vrai. Nous ne pouvons pas vivre en autarcie. Nous appartenons à une organisation sous régionale qui par subsidiarité se reconnait en Union Africaine (UA) et laquelle se reconnait en l’ONU qui nous a accompagné dès le début de la transition. Je pense qu’à ce niveau, il y a un problème de compréhension parce qu’au départ l’UA nous avait dit la typologie de coup d’Etat qui a permis de faire un procès au Mali, en Guinée, au Soudan, etc. n’est pas la même chose chez nous. Donc, on nous a fait une masturbation intellectuelle. Que nous sommes allés à une assise, l’UA dit que c’est un coup d’Etat, tant mieux. Mais que l’inéligibilité de celui qui a conduit la première transition doit être démise. On ne peut pas reconnaître à l’Etat tchadien une souveraineté de se représenter par ceux recrutés dans la salle, qu’il ne faut pas faire de l’exclusion dans l’inclusion en se basant sur le patronymie. C’est vrai que ça sonne mal qu’un Déby succède à un autre Déby, mais si telle est la volonté du peuple. Je ne sais pas. Je me pose aussi cette question en tant que juriste de formation. Est-ce que c’est aussi ça la démocratie ? Je n’ai vu aucune loi électorale exclure quelqu’un à cause de son nom. Les lois prévoient 2 choses. La première, si vous avez un casier judiciaire qui est chargé limitativement énoncé pour des faits qui vous ont été reprochés, vous ne pouvez pas prendre part à une compétition électorale. La deuxième, c’est les certificats médicaux. Si vous n’êtes pas apte, vous êtes morbide, vous ne pouvez pas aussi concourir. Mais en dehors de ces cas énumérés par la loi, il n’est dit nulle part pour une quelconque appartenance de s’exclure d’une compétition. Le mieux, c’est de s’investir pour que les organisations qu’on va mettre sur pied pour l’organisation de l’administration d’un bon vote, de la bonne élection puisse fonctionner avec votre présence parce que la fraude au Tchad commence dès la base. Donc, pour contrecarrer ce mode de fraude, il faut se mêler de la chose. Nous sommes de ce monde où rien n’est parfait. Mais, quand voulez à ce que les choses aillent dans le sens que les règles de l’art les prévoient, il faut être présent pour veiller aux respects stricts des préceptes qui régissent les choses qui vont être mis sur pied.
Entretien réalisé par Allarassem Djimrangar