Le changement est sur toutes les lèvres depuis la mort du Maréchal. D’aucuns ont vu en cette chute une occasion en or plus que jamais de faire une grande mue au Tchad. Cependant, au regard de ce qui se passe au quotidien, le peuple broie du noir.
Le pays est pris en otage par la race aryenne. Aujourd’hui les citoyens se posent des questions sans véritablement avoir des réponses. Car le pays est à l’image d’un butin de guerre dont les vainqueurs seuls en tirent profit. Tant pis pour le peuple. Les acteurs politiques, la société civile et leurs alliées que sont les puissances internationales tiennent la population tchadienne dans un paquebot coincé sur la Méditerranée. Sinon comment comprendre que dans une République, on ne prend que les mêmes pour défaire les mêmes. Pendant ce temps, la cherté de vie et la famine anéantissent la grande masse. L’on subventionne les produits de premières nécessités et ce sont les commerçants et les gouvernants qui sont les premiers bénéficiaires. Ces denrées subventionnées et achetées par ces derniers sont vendues chères dans les marchés à la population plongée dans la misère et ayant passé des nuits blanches devant les points de vente sans avoir une seule tasse.
Au regard de ce que vivent les Tchadiens, c’est le capitalisme qui règne. Il n’y a que les nantis et leurs valets qui profitent de la richesse du pays. L’on gave la population des promesses qu’elle continue à y croire et rêve les yeux ouverts. Face à la démission de la classe politique et de la société civile, quelques rares personnes qui tentent de dénoncer encore ces dérives sont systématiquement qualifiées de divisionnistes, de haineux ou de rebelles. Par contre, ceux qui ont pris des armes pour essayer de renverser le pouvoir faisant des milliers de morts des Tchadiens mangent à la table du roi. Ce sont eux qui sont logés dans des villas cossues aux frais des contribuables au nom de la réconciliation. Entretemps, combien de Tchadiens, la misère a tué ? Combien de diplômés sans emploi dont la mort les a fauchés faute de moyens de subsistance ? « Les chevaux courent les bénéfices, les ânes les rattrapent », cette expression prend élan au Tchad. La réconciliation, c’est aussi permettre à tous de satisfaire ses besoins élémentaires.
L’hypocrisie doit cesser pour faire place à la justice sociale. Le peuple a droit au respect et à avoir des moyens de vivre aisément dans son pays. Ainsi, le changement s’opérera tout seul. Si la justice humaine louvoie, celle de Dieu ne faillira pas.